PREMIER VOYAGE A MAYOTTE
Bienvenue à MAYOTTE
Après un premier voyage manqué par cause de grippe en mai dernier, cette fois c’est le départ, jeudi 27 novembre. Un peu perturbé soit, par la grève des avitailleurs. De fait le départ est retardé et nous faisons un petit détour par l’île voisine Maurice pour prendre du carburant.
A la sortie de l’aéroport les taxis "enfournent bagages et clients", 4 minimum avant le départ rapide vers la barge étape obligatoire pour une traversée d’environ 20 minutes pour rejoindre Mamoudzou
Voilà nous y sommes, c’est la porte de l'Afrique !
Un ami installé sur l’île nous attend pour nous conduire à l'hôtel de standing…
puis nous passons une soirée agréable chez lui en bonne compagnie.
Rendez vous est pris pour une journée en mer.
J’avais contacté un organisme pour une visite guidée( passé colonial, plantation d’Ylang Ylang, mosquée, récolte de la fleur de sel, usine sucrière…). Un message avant de quitter la Réunion, "en fait je ne travaille pas ce week end" !!! Génial !
Vendredi 28 novembre
Nous traversons Mamoudzou qui est déjà en pleine activité à 7 heures, embouteillage (les voitures prolifèrent aussi dans la capitale , il n’y a qu’une route ).
Premières impressions (hier il faisait nuit à 18 h 30, nous avions eu juste le temps de trouvrer l'hôtel)
Couleur de la terre rouge, cases accrochées à la colline, entassement, fourmillement, chaleur, densité de la population, couleur vive des vêtements des femmes, parfois la tête couverte avec un pan de leur robe, peintures sur les visages, odeur de la décharge à proximité du Jumbo, téléphone portable, scooters, des enfants partout, des femmes allongées …
Giovanni part travailler après un super petit déjeuner en bord de mer plage de Trévani
et je suis au rendez vous sur le port de Mamoudzou pour rejoindre les filles. Brigitte, Françoise et Aidé. On embarque à 6 sur un bateau prévu pour 20 personnes. Super ! Elles sont toutes natives de la Réunion et deux soeurs habitent à Mayotte.
Le programme : bonjour aux dauphins, plongée masque et palmes, plages de sable blanc, repas sur les îles Choazil, mangrove.
Notre guide Denis nous donne quelques explications et nous partons à la recherche des dauphins.
Quel spectacle ils donnent, sauts, vrilles, surf devant l’étrave du bateau, plongeons… c’est superbe. Les eaux sont turquoises.. Plus loin nous avons rendez vous avec les grands dauphins (nous en rencontrons 2 sur les 40 recensés) avec qui l’on peut plonger et tenter de jouer.. mais aujourd’hui ils boudent et plongent à notre vue. Sur les 3 filles à l’eau, l’une fera un face à face rapide avec un dauphin.
Je nage au dessus d’un autre peut être à deux mètres c’est féerique.
Puis nous partons vers un banc de sable blanc et de nouveau dans l’eau pour découvrir les coraux et poissons colorés du lagon. C’est fabuleux de formes et couleurs, d’agitation. Entre bateau et plage nous barbotons dans 50 cm d’eau tiède et claire. Denis nous appelle, nous ne voyons pas passer le temps.
Puis nous partons sur une île Choazil, elle nous appartient et nous offre la pureté du sable et l’ombre du rocher. Il fait très chaud. Mer, coraux, c’est encore plus beau ici, poissons, déjeuner, sieste, mer , coraux… il n’y a rien d’autre à ajouter.
Le bonheur à l’état pur ! L'harmonie avec la nature.
Embarquement pour la mangrove. Changement de décor. Eaux troubles, palétuviers, vase, crabes partout sur la berge… un milieu qui n’attire pas vraiment et dans lequel nous ne posons pas le pied…. Nous glissons en bateau entre les branches et les moustiques. Quelques cases et pirogues… bouh
Nous sommes à proximité de Mamoudzou et la mangrove absorbe une grande partie de tous les écoulements divers et variés de la capitale. Pas de station d'épuration me dit on ! Le lagon est particulièrement polué en bordure des villes. Durant la saison des pluies, les eaux chargées des déchets et de la terre rouge ravinée s'écoulent dans le lagon. Si rien n'est fait !!!!
Retour à Mamoudzou pour retrouver Giovanni et nous prenons la route pour le sud de l’île , notre week end débute à N’gouja.
En bordure de la route ,côte EST, les villages se succèdent, les enfants jouent la nuit tombe vite.
Installation dans notre case en bois au cœur d’un jardin en bordure de la mer, moustiques et margouillats sont au rendez vous. La moustiquaire ne sera pas inutile !!!
Réveil 6 heures et découverte de notre hôtel, La plage est déserte. Je découvre les énormes baobabs qui longent la plage et le parc extraordinaire.
Les petites tâches noires qui apparaissent à la surface de l’eau : la tête des tortues marines.
Un bon petit déjeuner et en avant sans perdre de temps palmes masque et tuba pour une rencontre sous marine fabuleuse. Nous nageons avec les tortues qui broutent non loin de la plage. Vers 16 heures l’apparition des makis qui sautent de branche sen branches et « volent » d’arbre en arbre. Curieux et gourmands ils n’hésitent pas à quémander. Plus haut dans les immenses manguiers, les roussettes se préparent à déployer leurs ailes
Le jardin est magnifique et toutes sortes de cris nous parviennent.
Le week end se déroule entre découverte de l’île et plongée pour un retour à Mamoudzou dimanche après midi, barge de 13 heures. Départ aéroport 16 h.
Si la côte nord est montre un visage surpeuplé , le sud n’est qu’une immense forêt ponctuée de quelques villages et bananeraies. La côte ouest est ponctuée de villages au bord de la mer à l’abri de criques protégées, plages au sable ocre . bananeraie, noix de coco, arbre à pain, manioc, maïs, manguier, vanille, ylang ylang, toute une variété de plantes, d’arbres, de fleurs, cette partie de l’île est luxuriante.
Au retour l’aéroport est bondé. A perte de vue des femmes, assises, allongées, dehors, dans le bâtiment , sous les escaliers… qui dort ou mange… Un policier nous informe que la salle d’attente est » occupée » par les pèlerins qui attendent depuis une semaine un avion pour la Mecque..
Panne, retard, refus bref pas d’avion et c’est ce soir leur dernier espoir ensuite il sera trop tard pour rejoindre le site religieux. Des années d’économies !!! environ 3000 euros .Dès que nous franchissons la porte c’est la stupeur.
Hommes et femmes chacun dans une salle, en tenue blanche de pèlerin pour bon nombre, attendent l’air épuisé. Les ventilateurs et air conditionné ne suffisent pas à rafraîchir l’atmosphère saturée et lourde en odeurs. Les familles à l’extérieur font porter des repas par l’intermédiaire de la police. Des femmes sont allongées à même le sol et dorment. Les hommes somnolent assis, certains torse nu. Les paupières lourdes tombent , les corps se tassent et s’engourdissent. Nos regards gênent, mais l’espace est limité. Nous savons qu’il n’y aura pas d’avion. Le policier à la douane m’a dit » nous ferons l’annonce après votre départ pour éviter l’émeute ».
Voilà un saut dans un autre univers, un continent sur une île, le touriste s'envole.
Dans l’avion je parle avec Moustafa, il a 18 ans, il est mahorais et me demande ce que je pense de la départementalisation de Mayotte.
Nous échangerons sur le mode de vie et la place de la famille au sens large comme en Afrique (il a 8 frères et sœurs, issus de 2 pères, sa mère habite à La Réunion avec ???? , son mari est à Mayotte, il a une autre femme qui a un enfant. Moustafa a vécu longtemps chez un oncle)
Il m’explique que la maison et le terrain appartiennent à la mère, l’homme vient chez la femme . Donc quand il y a un divorce c’est mieux que l’enfant reste chez sa mère. Si le père n’est pas la ce n’est pas grave. C’est le chef religieux qui valide le mariage. L’homme paie la dote le haki…entre 100 et 500 euros . Les divorces se font de la même manière.
Que dire après ce bref voyage et la traversée d’un monde si loin de nous par les rites, les traditions, modes de vie, religion, polygamie. Un monde où le modernisme s’installe très vite dans les villes. Créant des besoins comme le téléphone portable, la voiture. Les valeurs de la famille, l’immigration clandestine , démographie galopante,dialecte,circoncision… Poubelles partout dans les rues, pas de tout à l'égout, chaleur, pluies. Plantations de bananiers après brulis sur les pentes jusqu'à la mer. Mais pas de retenue de la terre. Femmes en groupe allongées n'importe où, sont elles malades, fatiguées, dorment elles ? Le long des routes des familles avec régime de bananes, bois, fruit à pain , manioc. sacs sur la tête.Lessive dans les rivières samedi et dimanche. Autostoppeurs. Nous enmenons un jeune homme de Sada à Mbouéanatsa. Il nous fait arrêter à côté d'un marché de femmes en bord de route et nous fait gouter la fleur jaune d'un brède (légume). C'est fort, anisé et rafraichissant.
Brousse et villes, plage et coraux, oppositions comme toujours en Afrique.
Quelques informations :
Mayotte est située dans l'archipel des Comores, au nord-ouest de Madagascar
Elle est constituée principalement de deux îles, Grande Terre et Petite Terre.
Elle se situe dans le canal de Mozambique, dans l'océan Indien.
Les habitants sont les Mahorais.
L’île héberge les Mahorais, les Anjouanais, les Malgaches, les Français
90 % de la population est musulmane.
Mayotte est une collectivité d'outre-mer française à caractère départemental. La loi du 11 juillet 2001 relative à Mayotte prévoit l'application progressive du droit commun français à Mayotte, dans la perspective de l'évolution vers le statut de département d'outre-mer (DOM).
Mayotte bénéficie de toutes les dérogations particulières permettant l'investissement dans le DOM TOM et de la bonne marche économique. Il n'y a pas de TVA, le budget local est pourvu par l'octroi de mer d'un taxation de 10 à 100 % sur les mrchandises entrant dans l'île.
Les prestations sociales sont différentes ( SMIG 588 euros en 2005, pas de RMI) L'Etat pourvoi au budget à hauteur de 160 millions d'euros par an.
L'intégration de Mayotte affiche une progression extrêmement lente. Difficile adaptation des moeurs locales au système français. Le sujet de la justice cadiale est le plus sensible. Actuellement droit français et cadial coexistent. La justice cadiale est une justice musulmane propre à MAYOTTE. Le code musulman qui se nomme MINIHADJ a été rédigé au XIV ° siècle par un juriste musulman qui a interprété le coran.
Il règle entre autre les question de droit local en matière de mariage, don nuptial, divorce, filiation, garde d'enfants, litiges inférieurs à 300 euros.
Les femmes peuvent travailler et disposent de leurs revenus, conduire, faire de la politque ou encore pratiquer l'adultère..
2010 prochain rendez vous sur la départementalisation de l'île.
L'économie Mahoraise est en pleine période de transition. Mode traditionnel (culture, pêche) et moderne (pêche en haute mer, tourisme, BTP) cohabitent. L'un peu monétarisé, l'autre manque d'infrastructures.
60 % des ménages exercent une activité agricole et produisent pour leurs propres besoins. La banane représente environ 20 000 tonnes par an et représente 78 % des parcelles cultivées. Mais l'augmentation exponentielle de la population oblige une importation d'environ 200 millions d'euros de produits alimentaires par an
Les filières à revenus sont , l'ylang ylang,la vanille , cannelle, girofle, poivre..
La forêt dense est composée de manguiers, bananes, bois noir, canneliers, tamariniers, eucalyptus, teck.
Les animaux sont élevés au piquet (zébus) ou errent librement sur le bord des routes à l'orée des villages.
Vitesse limitée à 60 km/h et en ville 30 km/h
2003 MAMOUDZOU inaugure son premier supermarché.
Magasins de villages groupe VINDEMIA :
L'immigration est un problème épineux que mayotte doit régler dans les années à venir. A bord de KWASSA KWASSA les anjouannais n'hésitent pas au péril de leur vie à faire la traversée vers Mayotte et vivre clandestinement. 17 cadavres encore il y a 15 jours .
Mayotte est composée de plusieurs îles et îlots couverts d'une végétation exubérante.
L'île culmine à 660 m au mont Bénara. Cette hauteur peut être mise en opposition avec le sommet de l'île voisine d'Anjouan, plus jeune, où l'on peut monter jusqu'à plus de 1500 mètres.
Mayotte continue de s'enfoncer dans son lagon et finira un jour par disparaître !
Les deux plus grandes îles sont Grande Terre et Pamandzi (ou Petite Terre) entourées par un lagon de 1 100 km² (un des plus grands du monde) formé par un récif de corail de 160 km de long, qui entoure la quasi totalité de l'île à l'exception d'une douzaine de passes, dont une à l'est appelée Passe en S.
Le lagon est parsemé d'une centaine d'îlots coralliens
Les îles qui forment Mayotte sont géologiquement les plus anciennes des archipel des Comores. L'ensemble insulaire est un vaste bouclier volcanique de laves alcalines .
Ce récif procure un abri aux bateaux et à la riche faune océanique.
L'activité volcanique passée des îles rend le sol particulièrement fertile.
Ses côtes sont bordées de plages au sable ocre, orangé ou blanc corallien
Le climat est de type tropical maritime. La saison chaude (saison des pluies) va de novembre à avril (27 à 30°); la saison sèche de mai à octobre (22 à 25
- Grande Terre, 363 km², mesure 39 kilomètres de long par 22 kilomètres de large.
Elle abrite Mamoudzou, qui est le chef lieu et la capitale économique de Mayotte.
- Petite Terre (ou île Pamandzi), fait 18 km² et abrite l’aéroport
- L'îlot M'Zamboro est la troisième île par sa dimension, elle est habitée de façon permanente entre autre par des pêcheurs et est réputé pour sa culture d'orange.
- L'îlot Bouzy magnifique avec ses plages de sable blanc
Le voyageur débarque à Petite Ile et traverse le lagon large de 2 kilomètres sur la barge pour rejoindre Mamoudzou la plus grande ville environ 45 000 habitants .
C'est le métro de Mayotte... mais plus agréable !
Quelques mots :
BANGAS : les jeunes hommes en âge de puberté se construisent une garçonnière en trochis et bambou, à bonne distance dans un coin de la cour.
M'ZUNGU : c'est vous et moi, c'est à dire si vous êtes de type occidental à la peau blanche. Il signifie blanc, dérifatif du SWAHILI.
OU et QUAND ? Peu de panneaux, il faut user du OU sans retenue, et quand ? le temps n'a pas la même valeur qu'en France, nous le comprenons chaque jour à LA REUNION.
VOULE : c'est le barbecue où vous pourrez savourer les brochettes de ZEBU que font griller les mamas-brochettes dans les rues et villages.
M'BIU : nom donné à ces deux batons de bambous que l'on frappe ensemble pour émettre un son. Les femmes assises par terre frappent l'un contre l'autre ces batons donnant un rythme entraînant. (nous avons assisté à cette danse traditionnelle à l'hôtel et je m'y suis essayée bien enttendu.. très suggestif.. les épaules ne bougent pas mais le bassin oui !!) D'autres femmes se détachent du cercle formé par les chanteuses et font de très petits pas martelant ainsi le sol en roulant des hanches et se balançant en harmonie à l'aide des bras. C'est ce qu'on appelle le MAGUTA qui est excécuté en duo, face à face.
MSINDZANO : masque de beauté.On ne peut rester insensible à ce masque que portent les femmes (de même qu'au SALOUVAS vêtements traditionnels colorés). Cette pratique très ancienne a plusieurs fonctions : il protège la peau du soleil, crée une couche protectrice contre les moustiques, lisse la peau en supprimant les impuretés lorsqu'on le retire, participe à la mise en valeur de la femme en lui donnant un signe personnel de beauté et un parfum naturel. Le bois de sental est frotté sur une table de corail . On obtient ainsi une poudre fluide qui est mélangée à de l'eau . On peut utilser des fleurs qui seront pilées en poudre. En fonction des produits la couleur du masque change du rouge au jaune en passant par le blanc.
Les motifs du masque sont réalisés à l'aide d'un batonnet extrait de la tige centrale d'une palme de cocotier et d'un épi de maïs egrené utilisé comme une éponge fond de teint. Des motifs sont dessinés sur le front ou les joues.
Il existe toute une variété de masques de soins (contre le vieillissement, les migraines, les tâches brunes, l'éclaircissement..) masques de fêtes, masque quotidien.
VETEMENTS DE FEMMES :
KISHALI le châle porté sur les épaules ou sur la tête
CHIMISI : chemisier porté sous le SALOUVA
SALOUVA : vêtement constitué de 3 panneaux de tissus (lambawane) assemblés sur le côté que l'on enfile comme une robe et qui se noue sur la poitrine
VETEMENTS D'HOMMES :
KOFIA : chapeau à petits trous pour aller à la mosquée, il peut être brodé ou imprimé
SHIKOYI : carré de tissus attaché à la taille
KANDZU : la grande robe longue pour aller à la mosquée ou lors de cérémonies
BON VOYAGE................
Seul souci nous arrivons à Mayotte vers 17 heures et avons perdu toute l’après midi !!!
Le temps est couvert, lourd et humide.