REFERENDUM DEPARTEMENTALISATION
Référendum sur la départementalisation de
Mayotte
Carte de
Mayotte.
Le référendum sur
la départementalisation de Mayotte est une consultation de la population
de Mayotte, une collectivité d'outre-mer française de l'archipel des Comores, vers un statut de
département.
Une fois la
départementalisation actée, en principe en 2011, les normes juridiques en vigueur à Mayotte
devraient être progressivement alignées sur celles appliquées dans les autres
départements métropolitains ou d'outre-mer, cette « intégration dans la
République » pouvant s'étaler sur une durée estimée de vingt à vingt-cinq
ans.
L’ESSENTIEL
L’ACTUALITE EN QUESTIONS &
REPONSES
N°100 – 30 mars
2009
Le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de
la
Consommation, Porte-parole du
Gouvernement
Nicolas
SARKOZY s’était engagé, pendant la campagne présidentielle,
à
consulter
les Mahorais sur la départementalisation. Il avait rappelé que
Mayotte
avait
naturellement vocation à devenir un département
d’outre-mer.
Promesse
tenue : le 29 mars 2009, les Mahorais ont approuvé à 95,2%
la
départementalisation de leur île. Dès 2011, Mayotte deviendra le
101ème
département
français et le 5ème DOM
avec la mise en place de la nouvelle
collectivité qui exercera les compétences d’une région et d’un
département
d’outre-mer.
La
départementalisation, c’est un processus ambitieux qui va donner
aux
Mahorais de
nouveaux droits (prestations sociales, justice républicaine,
état-civil
fiable)
mais aussi de nouveaux devoirs (respect de l’égalité
homme-femme,
acquittement de nouveaux impôts).
Cette
évolution se fera de manière progressive et adaptée, pour ne
pas fragiliser
le
développement économique et social de l’île.
En votant
pour la départementalisation, les Mahorais ont accepté un
véritable
pacte qui
est un juste équilibre entre le respect de l’identité de Mayotte et son
évolution économique et sociale.
POURQUOI CE REFERENDUM
?
Dès 1976,
les Mahorais ont fait preuve de leur attachement à la France en se prononçant
massivement pour leur maintien dans la République française.
Par la loi du 24 décembre 1976, Mayotte est donc devenu
une collectivité territoriale à statut
particulier.
Depuis
cette date, le processus de rapprochement avec la Métropole n’a jamais cessé :
en 2001, Mayotte est devenue une collectivité départementale,
puis en 2003 l’ancrage de Mayotte dans la République a été
inscrit dans notre Constitution.
Face à
cette évolution et au souhait répété des Mahorais que leur île devienne un
département, Nicolas
SARKOZY
s’était engagé, pendant la campagne présidentielle, à les consulter sur cette
question. Promesse tenue : dimanche 29 mars, les Mahorais ont pu se
prononcer par référendum sur la
départementalisation.
Après ce «
oui » massif, une loi organique sera présentée au Parlement dès l'été
2009 pour transformer le statut de l’île.
En 2011,
Mayotte deviendra donc le 5ème
DOM et le
101ème département
français. Il relèvera
alors de
l’article 73 de la Constitution et aura en outre les compétences d’une
région.
QUELLES AMELIORATIONS POUR LE RESPECT DES
PRINCIPES REPUBLICAINS A MAYOTTE ?
Tout
d’abord, les Mahorais auront, comme chaque Français, le droit de disposer d’un
état civil fiable qui garantisse leur identité et leurs droits,
ce qui n’est pas suffisamment le cas actuellement.
La départementalisation et la généralisation du droit
commun à Mayotte vont permettre de régler cette question : dès cette
année, une opération générale de recensement sera organisée dans chaque
commune mahoraise.
L’égalité
homme-femme, droit intangible et principe fondateur
de notre pacte républicain, sera respectée.
Conséquences :
Les
mariages polygames seront interdits ;
L’âge légal
minimum des femmes pour se marier sera relevé de 15 à 18
ans;
Toute
référence au tuteur matrimonial disparaîtra pour
respecter le libre consentement au mariage ;
Le mariage
religieux devra être précédé d’un mariage civil célébré en
mairie par un officier d’état-civil.
A Mayotte,
comme sur tout le territoire de la République, les citoyens français
bénéficieront des mêmes droits et garanties devant la justice. C’est
pourquoi la justice cadiale (justice coutumière musulmane) sera
supprimée.
Parce que
le français est la langue de la République, chaque
Mahorais doit pouvoir apprendre à mieux le parler. C’est indispensable pour
permettre aux habitants de Mayotte de venir faire des études supérieures en
Métropole et de participer au développement économique et social de leur île.
Le Gouvernement mobilisera donc l’ensemble des services
publics concernés (éducation nationale, culture, audiovisuel) pour permettre
à
chaque
Mahorais de mieux maîtriser notre langue.
LES PRESTATIONS SOCIALES ET LES IMPÔTS SERONT-ILS
LES MÊMES QU’EN METROPOLE ?
Le principe
d’égalité est au cœur du pacte républicain : les
Mahorais ont donc vocation à bénéficier des mêmes prestations sociales que leurs
compatriotes de Métropole et des autres DOM.
Toutefois,
compte tenu des spécificités de Mayotte, il n'est ni possible ni
souhaitable de verser immédiatement les prestations sociales au même taux que
dans les autres départements. Cela
déstabiliserait l'économie mahoraise, en imposant brutalement
de nouvelles charges aux entreprises et aux
exploitations agricoles. Et en l’absence d’un état civil
fiable, cela risquerait de créer un nouvel appel d'air
pour l’immigration
clandestine.
L’alignement des prestations sociales se fera donc progressivement, pour
accompagner le développement économique :
Dès
2010, les allocations familiales, l'allocation
spéciale pour les personnes âgées et l’allocation pour les
adultes handicapés seront augmentées.
Le
RSA, l’allocation de logement social,
l’allocation parent isolé, l’allocation de solidarité
spécifique pourront être perçus par les Mahorais dès
2012.
Dans un
premier temps, ces prestations représenteront le quart de leur montant
en Métropole. Puis elles augmenteront progressivement, pour
atteindre le niveau de la Métropole d’ici 20 ans.
Concernant
la fiscalité : les impôts et les taxes seront appliqués en 2014.
La fiscalité de droit commun concernera à la fois les particuliers et
les entreprises. Grâce à l’instauration d’une fiscalité locale (taxe
d’habitation, taxe foncière), les communes auront les moyens d’exercer leurs
compétences.
CES NOUVEAUX DROITS NE VONT-ILS PAS FAVORISER
L’IMMIGRATION CLANDESTINE ?
Les
conditions de vie à Mayotte entraînent déjà une immigration clandestine très
importante, notamment en provenance des Comores. Avec la départementalisation et
l’accès à de nouvelles prestations sociales, la
tentation de l’émigration vers Mayotte sera encore plus forte.
C’est
pourquoi la coopération avec les pays voisins
et les projets de co-développement sont indispensables
pour favoriser le développement local.
Pour que
Mayotte puisse se développer et que son équilibre social soit préservé,
il faudra agir avec humanité mais aussi avec fermeté à l’égard de
l’immigration irrégulière. C’est pourquoi les règles de droit
spécifiques à Mayotte concernant l’entrée, l’éloignement et le séjour
des étrangers sur le territoire national seront
maintenues.
LA DEPARTEMENTALISATION DE MAYOTTE VA-T-ELLE
PERMETTRE UN DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ?
Pour
favoriser le développement économique de Mayotte, un fonds de
développement économique, social et culturel contribuera à doter Mayotte des
équipements nécessaires à son développement (ex
:infrastructures).
D’autre
part, la départementalisation de Mayotte lui permettra de prétendre au
statut de région ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne et de
bénéficier ainsi de fonds européens pour l’aider à
se développer
économiquement.
Un juriste réunionnais contre la
départementalisation de Mayotte
Le spécialiste en Droit public
international, le Pr André Oraison de la Faculté de Droit et des Sciences
politiques de l'Université de La Réunion, s'est prononcé, dans une étude
récente, contre la départementalisation française de Mayotte dans l'archipel des
Comores à l'horizon 2010.
Le Pr Oraison rejoint ainsi la
revendication de l'Union des Comores et de la Communauté internationale selon
laquelle l'île de Mayotte doit réintégrer l'ensemble comorien.
"Quel avenir pour Mayotte ?" est la
problématique posée dans cette étude transmise à la PANA et signée de ce
publiciste connu pour ses études géopolitiques concernant la zone sud-ouest de
l'océan Indien.
Positionnée en sentinelle à l'entrée nord
du canal de Mozambique, entre l'Afrique orientale et Madagascar, l'île de
Mayotte s'étend sur 374 km² et est peuplée de 160.000 habitants d'origine
africaine à 95 pour cent musulmans.
Française depuis le 25 avril 1841, elle
est soumise, dans une large mesure, au droit coranique et à une législation
coutumière locale. Le vote par le Parlement français de la loi statutaire du 11
juillet 2001 relative à Mayotte fait, à son article premier, de ce territoire
une "collectivité départementale"
Avec cette récente loi, Mayotte pourra
continuer d'exercer ses compétences actuelles pendant une nouvelle période
transitoire de dix ans. Mais elle recevra en outre, progressivement, de
nouvelles compétences départementales et régionales, notamment dans le domaine
de la coopération décentralisée.
D'un point de vue géopolitique, le Pr
Oraison rappelle que ce changement de statut de Mayotte "serait considéré comme
une nouvelle manœuvre de la France dirigée contre le peuple comorien, qui
revendique Mayotte depuis son accession à l'indépendance le 6 juillet
1975".
L'octroi d'un tel statut administratif,
redoute le professeur, serait de nature à entraîner sur les plans politique et
diplomatique de nouvelles critiques émanant d'entités internationales telles que
les Nations unies et la Ligue des Etats arabes qui se sont toujours prononcées
pour le retour de Mayotte dans l'ensemble comorien, "sans consultation préalable
de sa population".
"Pour une multitude de raisons aussi
internes qu'internationales, il serait également judicieux que le gouvernement
français n'accorde pas à l'horizon 2010 le statut de Département d'outre-mer
(DOM) à l'île aux parfums de ylang-ylang", préconise André Oraison.
A ce sujet, précise-t-il, "il faut espérer
que les élites mahoraises auront eu le temps, d'ici là, de se convaincre
elles-mêmes que le statut de DOM n'est pas la solution miracle aux maux dont
souffrent les sociétés françaises ultramarines".
"Le statut de DOM risquerait par ailleurs d'introduire une vie économique totalement artificielle à Mayotte de nature à faire basculer irrémédiablement une société insulaire traditionnelle et rurale à plus de 80 pour cent dans la dépendance d'une riche métropole et dans l'assistanat généralisé", a-t-il conclu.